de Chine, fondée en 1912 par le docteur Sun Yat-sen, est un membre fondateur des Nations unies. Elle a signé des Nations unies le 26 juin 1945 à San Francisco (Etats-Unis) et a siégé pendant plus de vingt ans comme membre permanent du Conseil de Sécurité.
Lorsque les communistes chinois ont fondé la « République populaire de Chine » sur le continent chinois en 1949, le gouvernement de de Chine transféra son siège à Taiwan. De 1950 à 1971, l'Organisation des Nations unies a tenté de régler le conflit concernant le siège de , qui était divisée en deux entités politiques antagonistes ayant chacune son territoire, sa population et son gouvernement. En octobre 1971, générale des Nations unies a finalement voté 2758 autorisant la « République populaire de Chine » à siéger aux Nations unies et expulsant de Chine.
Ce faisant, les Nations unies n'ont en fait jamais résolu le problème de la représentation chinoise. Le gouvernement et le peuple de de Chine à Taiwan entendent désormais participer aux Nations unies afin d'apporter leur contribution à la communauté internationale et d'y être représentée. Néanmoins, les communistes chinois s'opposent obstinément à une représentation parallèle des deux parties de divisée.
Le porte-parole du gouvernement de de Chine, M. Jason Hu, s'est adressé le 19 septembre 1994 à américaine des Relations étrangères à New York. Dans son allocution intitulée, Dites oui à Taiwan!, il a exposé les différentes raisons pour lesquelles de Chine à Taiwan doit être membre des Nations unies. Voici le texte intégral de cette communication.
Monsieur le président, Mesdames, Messieurs,
Tout le monde n'a pas la chance d'assister, dans sa vie, à un changement de siècle.
La fin de froide a encouragé les peuples durant la dernière décennie du XXe siècle à placer de grands espoirs dans le prochain. Les chercheurs en relations internationales se penchent maintenant sur des sujets qui n'avaient guère retenu jusqu'ici l'attention. Sommes-nous vraiment arrivés à la fin de l'histoire? Le XXIe siècle sera-t-il une période de heurt entre les civilisations d'Orient et d'Occident? Sans compter que de tels sujets sont à la mode, toute tentative d'y apporter des réponses simples est probablement peu sage et inutile. Cependant, j’aimerais profiter de l'occasion qui m'est présentée par cette réunion des membres de l'éminente Commission des Relations étrangères des Etats-Unis pour exprimer le point de vue de Taipeh sur ces deux questions.
La fin ou le début de l'histoire?
Dans son ouvrage La fin de l'histoire et le dernier homme, M. Francis Fukuyama écrit :
[La] modernisation économique dirigée par le développement technologique crée de fortes et bonnes raisons pour les pays développés d'accepter les principes essentiels de la culture économique capitaliste universelle, en autorisant une compétition économique redoutable et en laissant les prix se déterminer par les mécanismes du marché. Aucune autre voie vers la pleine modernité économique ne s'est révélée viable.
M. Fukuyama croit que la fin de froide entre l'Est et l'Ouest et la désintégration du bloc communiste représentent la victoire de la démocratie et du libéralisme économique. A l'avenir, il n'y aura plus de conflit entre les idéologies et les systèmes économiques. Mais sans conflit, le cours de l'histoire s'arrêtera. Cette vision est tout à fait différente de la façon de voir traditionnelle chinoise.
Les Chinois croient que l'histoire continuera aussi longtemps que la terre tournera et que les saisons alterneront. L'idée est expliquée dans un ouvrage classique chinois, Le Livre des Mutations, qui écrit : « De même que l'univers est en mouvement perpétuel, l'homme de bien doit constamment s'améliorer par l'action. » C'est en effet un appel à la population pour travailler dur et s'améliorer. Et dans cette lutte en vue d'une amélioration par l'action, on peut tourner une nouvelle page de l'histoire. Peut-être, certains d'entre vous ici aimeraient-ils me rappeler que l'Occident a aussi ce concept : « écrire une nouvelle page d'histoire » et que celui-ci n'est pas vraiment en contradiction avec les propos de M. Fukuyama.
En fait, je n'ai pas l'intention de me lancer dans une discussion ou de susciter un débat sur la philosophie hégélienne de l'histoire. J'entends surtout souligner que, au moins, pour les 21 millions d'habitants de Taiwan, la « fin de l'histoire » est une notion quelque peu irréelle et étrange. Les remarques suivantes du président de , M. Lee Teng-hui, reflètent le courant de pensée à Taiwan :
Au bout de 40 années de développement économique et de progrès de l'enseignement, nous avons établi un système démocratique, marqué par une préoccupation pour la connaissance et le respect de la libre volonté de tous. Nous avons brisé les chaînes de la pensée féodale et des systèmes sociaux qui ont perduré pendant des milliers d'années... Nous avons réussi à Taiwan à intégrer la philosophie politique occidentale d'un gouvernement « du peuple, pour le peuple et par le peuple » dans notre propre système. Nous avons créé la première société démocratique pluripartiste de Chine. C'est un nouveau commencement de l'histoire.
De fait, l'instauration de la liberté d'expression, la levée du contrôle des media, le développement de la politique pluripartiste, l'élévation de l'instruction publique et la libéralisation des activités économiques et commerciales ont totalement transformé Taiwan. De plus, de nouvelles lois et la réforme de permettront aux citoyens de de Chine de procéder à une élection directe du gouverneur de Taiwan, des maires des municipalités spéciales de Taipeh et de Kaochiong le 3 décembre 1994 et, plus tard en 1996, du président de de cette élection présidentielle notamment, ce sera la première fois de toute l'histoire de Chine que le peuple élira au suffrage universel son magistrat suprême. Certains ont désigné cette élection présidentielle comme la « première élection en cinq mille ans ». Si ce n'est pas une nouvelle page de l'histoire de Chine, qu'est-ce donc alors?
D'autres ont qualifié les réformes et les progrès de ces derniers temps dans la région de Taiwan de « révolution tranquille »(3). En effet, les réalisations accomplies à Taiwan ont été révolutionnaires sans être violentes. La mutation a été rationnelle et pacifique et aucune goutte de sang n'a coulé. Bien sûr, je ne puis nier qu'il existe encore dans notre société des points faibles que nous devons chercher à améliorer, comme, par exemple, l'usage excessif du « langage des poings » dans les débats parlementaires, auquel il est absolument nécessaire de mettre un terme. Néanmoins, de Chine à Taiwan a définitivement établi une démocratie basée sur l'essence de la culture chinoise, et elle sera une démocratie complète et entière. Qui peut nier que ce n'est pas une nouvelle ère pour le peuple chinois?
Le heurt des civilisations ou leur harmonisation?
En se fondant sur des observations économiques, M. Fukuyama a conclu que l'histoire s'était achevée. Cependant, M. Samuel Huntington a prédit un conflit entre les différentes civilisations dans le prochain siècle. Selon lui,
La source fondamentale de conflits dans ce monde nouveau ne sera pas idéologique ni économique. Les grandes divisions de l'humanité et les sources de conflit seront éminemment culturelles... Le heurt des civilisations dominera la politique planétaire. Les lignes de faille entre les civilisations seront les lignes de bataille à l'avenir.
Cette hypothèse prédit une interaction plus étroite des différents systèmes culturels au fur et à mesure que le monde se retrécit. L'exemple des tensions entre la civilisation occidentale et la culture islamique nous indique que l'ère des conflits culturels planétaires est arrivée.(5)
Tout à l'opposé, les Chinois sont très fiers du pacifisme et de la tolérance de leur culture. Il est vrai que, par le passé, ils ont souvent placé leur pays au centre de l'univers, mais cette vision chinoise du monde s'accompagnait d'axiomes, tels que « tous les hommes entre les quatre mers sont frères » et « la grande communion sous le Ciel », symbolisant les idées de l'« alliance universelle » et de la « fraternité de tous les hommes ». n'a jamais déclaré la guerre à un autre pays pour des motifs religieux. Il est aussi difficile d'identifier les aspects de la culture chinoise incompatibles avec une intégration ou une coexistence avec la civilisation occidentale. De nombreux touristes étrangers séjournant aujourd'hui à Taiwan sont impressionnés par l'hospitalité et l'humanité du peuple chinois. Les différents systèmes culturels en République de Chine se sont fondus; leur entremêlement a compensé les faiblesses des uns et des autres pour finalement former une synthèse neuve et agréable.
M. Huntington a raison quand il affirme que les civilisations non occidentales ne sont (ou seront) plus les cibles historiques du colonialisme occidental, mais qu'elles se joignent (ou se joindront) à l'Occident en tant qu'acteurs et créateurs de l'histoire.(6) Toutefois, « la marche et la formation de l'histoire » n'impliquent pas nécessairement une confrontation ou un conflit et pourraient procéder par absorption, intégration, solidarité et innovation. A Taiwan, nous avons réussi à convertir Macbeth de Shakespeare en un opéra chinois Le royaume du désir. A son tour, le vieux conte merveilleux chinois Le serpent blanc a été adapté en un ballet contemporain occidental. Les deux adaptations ont été unanimement appréciées des Chinois et des étrangers. Dans certaines familles chinoises, le père est taoïste, la mère bouddhiste, le fils protestant et la fille catholique. Ils forment en même temps une famille traditionnelle chinoise heureuse. Certains se sont moqués du Cabinet de de Chine en disant qu'il y a plus de docteurs d'université que dans tout autre cabinet du monde. Et bien que de nombreux fonctionnaires, chefs d'entreprise et universitaires de de Chine aient poursuivi des études supérieures en Occident, ils ont conservé l'essence de la pensée confucéenne. Ensemble, ils ont travaillé au « miracle de Taiwan » et à la « révolution tranquille » tant applaudis dans le monde. Nulle part ailleurs, les cultures de l'Orient et de l'Occident se sont aussi bien qu'à Taiwan intégrées et mêlées, ainsi que complétées grâce à un esprit de grande tolérance et d'innovation. Telle est de Chine à Taiwan d'aujourd'hui!
Une vision du monde optimiste, confiante en une coopération
Alors que nous pensons aborder un nouveau début de l'histoire, nous sommes optimistes pour notre avenir. Dans le but d'une intégration et d'une harmonie culturelles, nous mettons l'accent sur la paix et la coopération au sein de la communauté internationale. Mesdames et Messieurs, mue par une vision du monde optimiste, confiante en une coopération, de Chine s'efforce de devenir un partenaire pour le progrès des nations dans le monde. Nous croyons que l'idée de se déplacer « de la confrontation à la négociation » ne répond plus à nos besoins. Nous devrions bâtir un monde nouveau évoluant « de la négociation vers la coopération ».
Le « nouvel ordre mondial » est encore à édifier. Les décideurs politiques de tous les pays doivent se préparer à entrer dans le XXIe siècle avec un nouveau mode de pensée. Ne pensez-vous pas comme moi que nous devrions accorder moins d'importance au vieux principe de « l'équilibre des pouvoirs » de et plus à la coordination et la coopération internationales? Si nous continuons d'ignorer les droits et les intérêts des petits pays pour ne nous occuper que des volontés et des aversions des principales puissances, nous sèmerons des ferments d'instabilité régionale pour l'avenir.
Les universitaires qui étudient les relations entre les individus nous apprennent à n'ignorer personne, car chacun a son amour-propre et des droits fondamentaux, quels que soient ses origines et son statut social. Chacun a droit au respect. Un tel, avec qui vous auriez besoin de travailler un jour, pourrait devenir votre supérieur un autre jour, mais il sera alors trop tard pour les regrets. A vrai dire, nous savons tous qu'une entité souveraine ne peut pas devenir le « supérieur » d'une autre entité souveraine. De plus, à mesure que le système international devient plus pluraliste, les grandes puissances perdent peu à peu le pouvoir de dominer le monde, globalement ou régionalement. Si nous ignorons aujourd'hui les besoins des petites nations, il est fort probable que le prix à payer demain sera très lourd. Le sang versé en ex-Yougoslavie, au Rwanda ou en Somalie est une tragédie qui nous donne matière à réflexion.
La coordination et la coopération devraient être un code d'action fondamental pour les relations internationales actuelles et futures. Un cas évident est celui des deux Allemagnes qui avaient œuvré à improviser leurs relations bilatérales et qui ont donné l'exemple d'une participation conjointe aux Nations unies, avant de parachever l'ultime but de leur réunification nationale. Après de nombreuses négociations et une intense coopération, l'Afrique du Sud a réussi à mettre en place un système démocratique, et abandonné l'apartheid de triste réputation. Ces deux exemples renommés dans le monde ont donné aux 21 millions d'habitants de Taiwan, en marge des autres peuples du monde, un sentiment de frustration. L'examen d'une participation de Taiwan aux Nations unies a délibérément ignoré l'exemple des deux Allemagnes. Le monde applaudit le miracle sud-africain sans remarquer qu'un autre type de discrimination se crée en Asie. Il est différent du précédent en ce sens qu'il n'est ni racial ni national, mais il est politique et international. Cette nouvelle discrimination est le fruit des tentatives de continentale pour isoler Taiwan et la détacher de la communauté internationale. C'est une grave atteinte aux droits fondamentaux de l'homme pour les 21 millions d'habitants de Taiwan.
Un des prétextes fréquemment avancés par Pékin pour justifier cette politique discriminatoire contre Taiwan est de proclamer que Taiwan fait partie de la « République populaire de Chine ». Cependant, c'est un fait que de Chine a été fondée en 1912 et la « République populaire de Chine » en 1949 sans que cette dernière ait gouverné un seul jour Taiwan. Tant que de Chine existera à Taiwan, Pékin ne peut avoir de prétention légitime ni de souveraineté sur Taiwan.
Il est vraiment regrettable que de nombreuses puissances étrangères aient ignoré ces faits et l'existence même de de Chine et acquiescé à la politique de néo-apartheid de Pékin. La nature de cette politique peut se résumer par les trois principes des relations avec Taiwan, décidés lors de la réunion nationale de tous les responsables des « offices des Affaires taiwanaises » de continentale, tenue à Amoy [Xiamen] en 1993. En premier lieu, en vertu du principe de l'existence d'une seule Chine, Pekin nie que Taiwan est une entité politique. En second lieu, par un isolement diplomatique et une mise en quarantaine, Pékin fera tout son possible pour empêcher Taiwan de disposer d'une marge de manœuvre sur la scène internationale. En troisième lieu, Pékin maintiendra sa pression et sa menace militaires et ne renoncera pas à l'usage de la force.(7) Telles sont les raisons pour lesquelles continentale affirme ces dernières années que sa politique à l'égard de Taiwan est de « maintenir des liens économiques », de « maintenir une pression militaire » et de « maintenir un blocus diplomatique ».(8)
La communauté internationale doit condamner cette politique de néo-apartheid qui va à l'encontre de nos principes fondamentaux d'égalité, de justice, de démocratie et des droits de l'homme. Elle doit aussi permettre que les 21 millions d'habitants de Taiwan vivent au sein de la communauté internationale dans la dignité et avec les droits qui leur sont légitimement dus. Taiwan n'a pas une grande superficie, mais elle est comparable à , au Danemark ou à population n'est pas nombreuse, mais elle n'est pas inférieure à celle du Pérou, du Venezuela ou de sait également que nous sommes le treizième pays commerçant de la planète, que nous possédons une des plus grandes réserves de devises étrangères du monde et que nous avons le 20e produit national brut de la terre.
Eh oui, on refuse à une telle entité souveraine et viable de siéger aux Nations unies et de participer aux autres organisations mondiales, simplement à cause de l'opposition de continentale. Même nos journalistes se sont vus interdire l'accès au Palais des Nations unies. Pour qui est de bonne foi, cela est difficile à comprendre et à accepter. Sommes-nous obligés de dire à notre peuple que nous sommes pénalisés par la communauté mondiale pour avoir misé sur la liberté et la démocratie et nous être opposés au communisme? Si nous avions accepté et embrassé un régime communiste, nous serions aux Nations unies depuis bien longtemps. Est-ce juste?
Les 21 millions d'habitants de Taiwan entendent participer à la communauté internationale. Et cela, non seulement parce que nous avons le sentiment que nous pouvons faire quelque chose pour les autres : en terme absolu, nos possibilités sont encore très limitées, mais nous avons la volonté sincère de faire tout ce que nous pouvons pour la communauté mondiale. A cette fin, de Chine a créé le Fonds international pour le Développement et économiques et le Fonds international pour le Secours humanitaire aux Sinistrés. Bien que le gouvernement de de Chine, qui n'est pas membre de l'Organisation des Nations unies, ne puisse pas formellement participer aux programmes officiels d'assistance et de secours, des institutions caritatives internationales de de Chine, motivées par l'esprit confucéen de communion, ont fait des dons à des régions éprouvées, comme le Rwanda, , l'Ukraine, l'Ethiopie et continentale,... Dernièrement, j'ai aussi appris que la population de Taiwan avait adopté des enfants d'autres pays par l'intermédiaire de World Vision et que le nombre total de nos adoptions se tient au 4e rang dans le monde, dépassé seulement par les Etats-Unis, le Canada et l'Australie.
En termes d'investissements étrangers, Taiwan est le 6e pays investisseur du monde et elle œuvre à faire mieux, la main dans la main, avec d'autres pays au moyen de la coopération et la réciprocité. de Chine à Taiwan est profondément convaincue qu'il n'y a pas de place pour l'impérialisme et le colonialisme à l'avenir. La seule voie du développement sera celle de la coopération et du profit mutuel. Si les nations du monde qui partagent un destin commun ne peuvent pas créer ensemble un avenir brillant et prospère, elles s'aventureront dans une ère sombre de l'appauvrissement. Pourquoi les Nations unies ne peuvent-elles donc pas accepter un membre de la communauté internationale, épris d'amitié et d'amour, qui a la sincère volonté et la capacité de coopérer?
Taiwan est certainement le fanal qui peut montrer la voie de la liberté, de la démocratie et de la protection des droits de l'homme à continentale — des idéaux couchés par écrit dans des Nations unies —. Nous désirons participer aux Nations unies et aux autres organisations internationales afin d'élargir notre marge de manœuvre et notre développement, avant la réunification de , et non pas pour nous opposer à continentale ou la combattre. Nous ne cherchons pas à remplacer Pékin, mais seulement à représenter la voix et les intérêts des 21 millions d'habitants de Taiwan, placés sous notre juridiction effective, et à renforcer les relations amicales avec la communauté des nations en vue de lutter tous ensemble pour une coopération et des intérêts mutuels. Cet appel ne viole en aucune façon les droits acquis d'un quelconque membre de la communauté mondiale. Il contribue plutôt positivement à la paix et au développement de notre monde.
Les relations à travers le Détroit et la situation internationale
La participation de notre pays aux Nations unies et à leurs activités aurait aussi une influence positive sur le développement des relations d'amitié entre Taiwan et continentale, ainsi que sur leur prochaine réunification. C'est dommage que Pékin n'ait toujours pas compris ce point. Pékin s'efforce de promouvoir sa politique de néo-apartheid à l'égard de Taiwan en imaginant à tort que cela pourrait éradiquer l'émergence d'une « indépendance de Taiwan ». Les Chinois du Continent ne réalisent guère que cette politique a des effets contraires. A l'heure actuelle, la population de Taiwan n'entend pas œuvrer à une séparation permanente, du moins ne faudrait-il pas que, par son comportement, continentale lui inspire une trop grande répugnance et déception. Pas moins de 20 sondages d'opinion depuis 1989 indiquent que le chiffre des opposants à une indépendance de Taiwan est nettement supérieur à celui de ses partisans.(9) La seule exception eut lieu en avril dernier quand le taux en faveur de l'indépendance fut excessivement élevé. Ceci reflète notre profond mécontentement envers les autorités de Chine continentale face au meurtre de touristes taiwanais lors du drame du lac Qiandao.(10)
La commission d'Etat des Affaires continentales a annoncé en août [1994] les résultats d'une étude plus précise indiquant que 12,4% de la population soutient l'indépendance alors que 27,4% est en faveur de la réunification. Une tranche de 32,1 % préfère le maintien du statu quo, remettant à plus tard la décision concernant une réunification de selon les circonstances, et une autre tranche de 12,5% est favorable à son maintien indéfini. De toute évidence, en temps normal, les tendances en faveur de l'indépendance demeurent très faibles. Mais, je puis assurer que la tentative irraisonnable de Pékin de mettre Taiwan au ban de la communauté internationale favorisera à coup sûr le développement des idées indépendantistes. Dans la foulée de la démocratisation complète de Taiwan, vous pouvez souvent entendre les Taipéiens se plaindre que « les communistes chinois sont en train d'opprimer Taiwan en la poussant vers l'indépendance ».
Les autorités continentales chinoises doivent réaliser que le réunification ne sera pas possible sans une compréhension, une bonne volonté ou une confiance entre les deux rives du détroit du Taiwan. Si les deux rives sont représentées aux Nations unies et dans leurs autres principales organisations, il y aura de nombreuses occasions de contacts, renforçant la compréhension mutuelle, prouvant la bonne volonté de chacune d'elles et cultivant une confiance mutuelle. Ne serait-ce pas contribuer au développement des relations amicales entre Taiwan et continentale, ainsi que de la réunification de ? Le sondage d’opinion le plus récent tenu à Taiwan indique que 73,4% de la population soutient les efforts vigoureux du gouvernement en vue d'une participation aux Nations unies.(12) Pékin n'est peut-être pas habitué à tenir compte des sondages, mais, par son obstination farouche à ignorer les vœux de la population de Taiwan quant à sa participation aux Nations unies, il ne peut qu'empêcher la réunification nationale.
Dans son rapport administratif au Yuan législatif le 6 septembre de cette année, le Premier ministre, M. Lien Chan, a déclaré :
Il nous faut corriger la fausse idée que les communistes chinois représentent toute , et il nous faut activement collaborer avec la communauté des nations en développant des relations étrangères afin que les deux entités politiques de statut égal, de part et d'autre du détroit de Taiwan, aient une marge de manœuvre identique sur la scène internationale... Il nous faut aussi amener les communistes chinois à faire face à la réalité, à savoir que notre nation est divisée et gouvernée par deux entités distinctes et à abandonner la stratégie consistant à nous couper de l'extérieur. Alors seulement, les relations à travers le Détroit pourront se développer plus amplement et la réunification nationale pourra être réalisée. C'est seulement lorsque les deux rives du Détroit auront participé aux activités internationales et promu des échanges dans les domaines de l'information, de la culture et de l'économie que se créera une situation où chacun sera gagnant.
A l'égard des autorités continentales chinoises, nous resterons toujours amicaux et coopératifs pourvu qu'elles ne tentent pas de nous isoler et de nous asphyxier sur la scène internationale.
Conclusion
Comme l'a écrit Lien Heng dans son œuvre monumentale, L'histoire générale de Taiwan, Taiwan est une « belle île située dans un océan merveilleux ». Oui, Taiwan a toujours été une île assez petite pour être belle! Mais après 45 ans de transformation, cette terre qui est la nôtre, qui a une population et une superficie beaucoup plus petites que continentale a été qualifiée par The New York Times comme « trop grande pour être ignorée », en termes de développement économique et politique.(14) Un spécialiste américain des Affaires asiatiques, M. Harry Harding, a récemment décrit la politique de l'Administration Clinton comme étant en marge et il a souligné que Clinton n'avait « aucune politique à l'égard de Taiwan qui traduise bien l'essor économique de l'île ou sa transition vers une démocratie complète ».(15) Bien sûr, le développement de Taiwan ne doit plus être ignoré. Et le moindre changement dans notre monde ne doit pas être négligé. Si, à la veille du XXIe siècle, les Nations unies ne peuvent identifier les modifications importantes ni y répondre, elles ne pourront plus exercer pleinement leur fonction et leur rôle dans le siècle qui s'annonce.
Dans les discussions au sujet du progrès à Taiwan, l'attention est principalement attirée par l'économie et la politique. Oui, de notre point de vue, nous sommes très attentifs à nos réalisations économiques. Nous devons remercier la communauté mondiale, en particulier les Etats-Unis, des faveurs et du soutien qu'elle nous a accordés dans le passé. Si nous n'avions pas disposé de la généreuse aide américaine quand nous traversions des temps pénibles, nous ne pourrions profiter de la présente réussite. Et, comme nous empruntons la voie de la démocratie, nous chérissons encore plus les fruits de nos réformes politiques. De toute l'histoire de Chine, nous avons créé la première démocratie et nous éveillons beaucoup d'espoir quant à une liberté totale et une démocratie intégrale à tout le peuple chinois.
Les 21 millions d'habitants de Taiwan ont démocratiquement exprimé leur plus vif désir d'une participation active à la communauté mondiale. Nous ne demandons pas beaucoup. Nous souhaitons seulement que, au nom des principes d'égalité et de justice, tous ceux qui soutiennent la liberté et la démocratie se mettent de notre côté pour rejeter la discrimination contre nous qu'impose Pékin.
En juin 1966, Robert Kennedy, alors sénateur des Etats-Unis, exprima sa ferme opposition à la politique d'apartheid lors d'une visite en Afrique du Sud.
Nous devons reconnaître l'entière égalité des hommes de tout notre peuple, devant Dieu, devant la loi et dans les assemblées gouvernementales. Nous devons faire cela non pas parce que c'est économiquement avantageux, quoique ce le soit; non pas parce que les lois de Dieu et de l'homme le commandent, quoiqu'elles l'imposent; non pas parce que les peuples des autres pays le désirent. Nous devons le faire pour la seule et unique raison que cela est juste.
Deux ans plus tard, Robert Kennedy était assassiné. Et vingt-six autres années se sont encore écoulées avant de voir l'apartheid enfin abrogé en Afrique du Sud. Aujourd'hui, peut-être, ce qui est juste pour la communauté des nations de ce monde est de soutenir la dignité et les principes fondamentaux des 21 millions d'honnêtes gens de Taiwan afin de leur accorder un traitement juste et égal dans tous les forums du monde. Alors seulement, il y aura un espoir de liberté et de démocratie pour toute la nation chinoise. Et aussi pour un nouveau monde du XXIe siècle.
Assurément, tout le monde n'a pas la possibilité d'assister, dans sa vie, à un changement de siècle. Mais comme nous entrons dans un siècle d'espoir, il est certainement temps de dire oui à Taiwan!
(V.F., Jean de Sandt)
Notes bibliographiques :
(1) Francis Fukuyama, La fin de l'histoire et le dernier homme, en anglais (The End of History and the Last Man), The Free Press, collection de Macmillan Inc., New York, 1992 (pp.96-97).
(2) Lee Teng-hui, Le commencement d'une nouvelle ère, in Les révolutions tranquilles, Office d'Information du Gouvernement, Taipeh, mai 1994 (p.4).
(3) La révolution tranquille de Taiwan, en anglais (Taiwan's Quiet Revolution), in The Asian Wall Street Journal, Hongkong, 11 novembre 1992 (p.8).
(4) Samuel Huntington, Le heurt des civilisations, en anglais (The Clash of Civilizations), in Foreign Affairs, Volume 72, n°3, Binghamton (New York), Eté 1993 (p.3).
(5) Ibidem (pp.25-26).
(6) Ibidem (p.23).
(7) Source non citée, voir Bernard Joei, Le néo-apartheid de continentale, en chinois, in Tseu-you Wan-pao (ou The Independence Evening News), Taipeh, 5 mai 1994 (p.3).
(8) Ibidem.
(9) La politique continentale et les relations à travers le Détroit, en anglais, Commission d'Etat des Affaires continentales, Taipeh, 1994 (p.31).
(10) Ibidem (p.31).
(11) Ibidem (pp.16-17).
(12) Ibidem (p.18).
(13) Lien Chan, Rapport administratif à session plénière du Deuxième Yuan législatif, Taipeh, 6 septembre 1994.
(14) : trop grande pour être ignorée, en anglais ( : too big to ignore), in The New York Times, , 10 novembre 1990 (p.22).
(15) Harry Harding, La politique asiatique sur la verge, en anglais (Asia Policy to the Brink), in Foreign Policy, N° 96, Washington, Automne 1994, (p.62).
(16) Robert Kennedy, Un léger murmure d'espoir, en anglais (A Ripple of Hope), in Brian Mac-Arthur, The Penguin Book of Twentieth-Century Speeches, The Penguin Book, Harmondsworth (Middlesex, England), 1992 (p.369).